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L'agilité humaniste

Avatar de Marc Houssaye
Publié le 22 juin 2017 Par Marc Houssaye

Cette présentation a été donnée lors du NWX Festival le jeudi 22 juin par Marc HOUSSAYE, fondateur et directeur d’Imagile.

Bonjour à tous,

D’agilité vous allez en entendre parler toute cette matinée. Grâce d’ailleurs à des intervenants forts captivants. On m’a invité à parler d’agilité et je vais le faire sous un angle particulier. Un angle qu’il me semble capital de souligner car si les méthodes agiles sont de plus en plus connues, et on les met en effet à toutes les sauces désormais, il n’est peut-être pas inutile de rappeler le sens et les valeurs qui sous-tendent ce mouvement et qui doivent nous animer toujours. Alors allons-y gaiement pour une “agilité humaniste” !

La manifeste agile - les fondateurs

Parlons tout d’abord rapidement du manifeste agile.
Là, c’est la photo des fondateurs du manifeste agile. J’aime bien cette photo qui se trouve en fond d’écran du site http://agilemanifesto.org. On ne peut pas vraiment dire que cette image corresponde à des critères marketing mais elle me plaît. Sans doute parce qu’on sent vraiment l’idée de groupe. Il ne leur manque plus que des épées et on pourrait croire à une version moderne des chevaliers de la Table Ronde…

Je vous rappelle les 4 principes essentiels du manifeste agile :

Les individus et leurs interactions plus que les processus et les outils.

Les individus et leurs interactions plus que les processus et les outils.

Un logiciel qui fonctionne plus qu’une documentation exhaustive.

Un logiciel qui fonctionne plus qu’une documentation exhaustive.

La collaboration avec les clients plus que la négociation contractuelle.

La collaboration avec les clients plus que la négociation contractuelle.

L’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan.

L’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan.

Le manifeste agile a été rédigé en 2001 par des experts informatiques qui estimaient que le traditionnel cycle de développement en cascade – ou en V – ne correspondait plus aux contraintes et aux exigences des organisations en évolution rapide.

Évolution rapide : voilà en effet ce qui caractérise toujours un nouveau monde. Notre monde s’accélère et il est nécessaire de maîtriser son accélération, de rationaliser les nouveaux besoins, d’essayer des choses nouvelles. Il y a dans le mouvement agile beaucoup de similitudes avec cette époque que l’on nomme l’Humanisme de la Renaissance. C’est parce que l’agilité repose sur des valeurs humaines que nous devons nous efforcer de les préserver.

L'imprimerie de Gutenberg et l'uberisation de la Bible

En tout premier lieu, nous devons garder à l’esprit que la connaissance et son partage est le socle de l’agilité. Tout comme Gutenberg facilita la diffusion des textes avec l’invention de l’imprimerie, on ne compte plus aujourd’hui le nombre de blogs dont les auteurs cherchent à expliquer ce qu’ils font.

L’éducation et l’envie de transmettre est essentiel dans les équipes agiles. En interne. Mais aussi avec les clients. On apprend du client comme le client apprend de nous. Il est indéniable qu’expliquer à l’autre nous fait progresser personnellement.

Exit donc les batteries de développeurs qui produisent du code à partir de cahiers des charges fabriqués par d’autres et sans retour client. Dé-cloi-so-nnons !

La conquête de nouveaux territoires

Évidemment ce goût pour le savoir se combine bien avec l’attrait pour le futur. Et la conquête de nouveaux territoires. Comment ne pas faire le rapprochement entre la découverte de l’Amérique – c’est ce qui marque le début de la Renaissance (avec la chute de Constantinople) – et les nouveaux continents que sont par exemple :

  • – l’intelligence artificielle,
  • – la conquête spatiale,
  • – les voitures autonomes,
  • – les réponses aux enjeux climatiques.

Conquérir de nouveaux territoires nécessite d’essayer. De tenter des choses. Et donc forcément de se tromper. Parfois.
Exit donc le productivisme utilitariste à tout crin !

Léonard de Vinci et l'agilité

L’homme est la mesure de toute chose. Voilà un des messages que l’on peut lire dans ce célèbre dessin de Léonard de Vinci : “L’Homme de Vitruve”. Certes il y a là les concepts de perfection, de beau, d’équilibre et d’harmonie. Mais surtout il y a cette idée que l’Univers est à l’image de l’Homme, et vice et versa. C’est-à-dire qu’en étudiant l’humain on trouve les clefs pour créer des constructions harmonieuses. Ca tombe bien, en agilité, on cherche à confronter nos constructions à un maximum de gens. À interviewer les différents publics pour mieux saisir leur problème réel. À suivre la manière dont les usagers utilisent nos applications. On ne se contente pas d’écouter le client qui paie. On interroge aussi les clients qui utilisent ce que l’on fabrique. Parce qu’on sait que c’est bien pour la pérennité du projet.

Exit donc, les projets pensés sans les principaux intéressés et les projets sans suivi régulier.

Le Guerchin

S’il y a bien une chose qui caractérise l’agilité, c’est le rapport au temps. On estime le temps nécessaire pour réaliser telle ou telle fonctionnalité, on fait des sprints, etc. etc. C’est que le temps est un arbitre implacable. C’est même le maître étalon pour tout mesurer : les efforts consentis, les résultats attendus.
Au-delà des interrogations sur notre propre finitude, on doit chercher à apprécier à sa juste valeur le temps qui passe : c’est quoi finalement perdre du temps ? C’est quoi finalement en avoir gagner ?

Penser agile, c’est également prendre du recul et savoir juger de son temps. Se rendre compte lorsque l’on s’entête dans un voie sans issue. Se demander si l’on a pris suffisamment de temps pour penser la manière de faire les choses. Et surtout c’est en responsabilisant les différents acteurs d’un projet que l’on peut mettre en production régulièrement. Pour faire avancer concrètement le projet.

Exit donc les tâches sans valeurs ajoutées. Ici, on mesure et on prend le temps qu’il faut pour faire les choses utiles d’abord.

Le collaboratif dans l'agilité

Enfin, et ce n’est pas une des notions les moins importantes. Last but not least disent les anglais. L’agilité fait appel à l’intelligence collective. Quoi de mieux que de créer un groupe soudé dont les membres s’entraident ? Si on sait évidemment chercher tout seul, on n’hésite pas non plus à demander de l’aide. Parfois même c’est en posant une question que l’on commence à entrevoir une réponse. C’est pourquoi en milieu agile, il n’est pas rare de binômer, c’est-à-dire travailler à deux sur un même poste informatique. Ce n’est pas une perte de temps. Au contraire !

Il faut pouvoir parler, échanger, discuter. Confronter des versions et puis trancher. Mais surtout ne restez pas devant vos écrans à attendre que cela passe. Parlez de vos problèmes. Soyez à l’écoute de celui qui peine. C’est dans des environnements comme cela que les projets naissent et progressent.

Avec l’acculturation à l’agilité, nous sommes entrés dans une phase de libération des énergies et de la créativité. Alors certes la Renaissance est une période bien vaste qui couvre plusieurs siècles et puis tout cela est bien schématique je vous l’accorde mais c’est l’occasion de chercher à donner du sens à ce que l’on fait.

Je vous demande d’être attentif et de faire en sorte que ces outils soit au service de tous les acteurs d’un projet. Notre société se situe à un croisement de plusieurs chemins et à la nécessité d’aller vite nous devons garder les valeurs humaines. L’agilité peut être utilisée dans bien des cadres et avec des intentions plus ou moins nobles. Il nous faut être vigilant car finalement ce qui compte c’est l’humain.

Je vous remercie.

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